"Chaque langue produit ce dont elle a besoin..."

Jorge Luis borges, livre de préfaces.



Qui êtes-vous ?

Un drôle d'oiseau, pas un oiseau du paradis, encore moins un oiseau de mauvais augure. Juste un petit colibri, voletant sur le réseau pour partager ses graphismes, ses contes et surtout ses recherches de mots anciens et d'argot.

mardi 7 septembre 2010

Une fois encore... Première partie.

Une fois encore Princesse s’était levée du mauvais pied.




«Comment pourrais-tu trouver époux à marier, lui dit sa marraine la fée. Une jeune fille doit toujours rester de bonne composition. Jamais un mot trop haut envers celui que tu dois chérir, ni trop bas au moment de le soutenir. »
De la parole au geste, celle-ci fit apparaitre un bureau d’écolier, une plume, un pot à encre et un cahier d’écriture.

« Sans façon, pensa Princesse, pas question de rester enfermée dans cette chambre à remplir des pages blanches de lettres cursives et soignées, pour apprendre les belles manières ».
D’un pas trainant, elle se dirigea vers une jolie coiffeuse ornée de nacre et d’argent, puis idée en tête, sans prendre conseil auprès du miroir réfléchissant à tout et n’importe quoi, elle se retourna en grimaçant et lança d’une voix moqueuse :
« Bah, bah, bah ! Passez-les-moi... Mes bas de soie. Je les préfère aux bas-bleus ! Je n’ai jamais eu la prétention d’écrire, ni de composer quoi que ce soit, avec qui que ce soit ! Alors passez-les-moi !»


Marraine la fée, d’ordinaire blonde aux blanches mains, se rembrunit soudain. Des sourcils jusqu'à la racine des cheveux. Une transformation radicale certes, mais guère déroutante.

D’humeur inconstante, Marraine était réputée pour ses violentes colères. Des colères noires. Des coups de gueules, sans éclats... Sans oublier les coups de baguette durement assénés à la tête.

Bref, pas le genre de fée, avec qui on s’amuse à ses dépends.
Capable du meilleur, comme du pire...

« Ne me confondez pas avec la bonne, répondit-elle en tapotant nerveusement sa fine baguette ciselée contre la paume de sa main, je vous le répète, une jeune fille se doit…
- Je n’ai que faire de votre composition. Je suis de méchante humeur ce matin !
- Pourtant l’écrit, d’excellence ou de piètre qualité, vaut mieux que tous ses cris, capricieuse enfant.
- Oh diable zot !
- Avec ce langage de va nu-pied, vous n’irez pas bien loin.
- Loin s’en faut ! Veuillez-donc m’apporter mon jupon, mon corset…
- Oui, s’y fait ! Tout ceci pourrait bien se corser ! »


 C’est alors que Princesse se retrouva pied au mur de l’autre côté du Royaume, avec pour seul vêtement : une chemise de nuit en coton blanc.

à suivre...



©Anabelle Di Martino, Reproduction interdite.